• Deux roues, un monde - livre de Julien Hendrix (2019)A 24 ans et après avoir terminé ses études, Julien Hendrix décide de partir avec son vélo Mike, de Belgique, pays où il réside, pour traverser l'Europe et l'Asie jusqu'au Kirghizistan, en passant par la France, la Suisse, l'Autriche, la Hongrie, la Croatie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, l'Albanie, la Grèce, la Turquie, la Géorgie, l'Arménie, l'Iran, l'Inde, le Népal et le Tadjikistan.

    Durant son périple de 10 mois, parcourant 12.300 kilomètres, Julien a publié très régulièrement des articles sur un blog retraçant ses impressions, ses rencontres, ses états d'âme, son envie d'aller vers les autres. C'est cette envie qui lui a permis d'être hébergé chaleureusement le soir ou pour quelques jours par des habitant-e-s. L'un de ses objectifs était la rencontre, aller vers les autres malgré la barrière des langues. Non, tout le monde ne parle pas anglais et son témoignage le prouve. Malgré tout, il est arrivé à se faire comprendre avec des gestes, des sourires ou au pire avec google traduction. Dans ces moments-là, les discussions restaient sommaires mais peu importe.

    Durant son voyage, Julien a effectué plusieurs séjours de quelques jours de (éco) volontariat. Un gite et le couvert en échange d'un travail utile dans de petites structures. Il est également resté 27 jours dans la communauté Sadhana Forest, à côté d'Auroville, en Inde. Elle travaille à la reforestation et à la conservation d'eau. Plusieurs de ses ami-e-s l'ont rejoint à différents endroits pour parcourir un bout de chemin ensemble, à vélo la plupart du temps et aussi lors de trekkings. Il fera une retraite Vipassana au Nepal. Dix jours de méditation, sans la possibilité de parler, ni d'écrire durant l'intégralité du séjour. Après ces journées intenses en méditation, Julien  méditera quotidiennement.  Chacune des journées vécues lui apporte réflexion, expérience, des moments inoubliables malgré des journées difficiles. La vie n'est pas un long fleuve tranquille mais en essayant d'en tirer du positif, il est plus facile d'avancer sereinement.

    Ce livre auto-édité est le témoignage des dix mois que Julien a passés à parcourir le monde grâce à la force des jambes, du mental et des personnes rencontrées. Il a repris les textes de son blog, les a sélectionnés et corrigés. Tout est retracé chronologiquement et presque quotidiennement. Certains textes auraient mérité plus d'approfondissement, notamment lorsqu'il est question de réflexion. Mais globalement le livre est à l'image de son auteur : aventurier, passionné, enthousiaste, à l'écoute des autres, solidaire... et ça fait un bien fou de lire son expérience. Ce n'est pas de la "haute" littérature mais ce n'est pas le plus important car Julien a écrit avec son cœur et  l'envie de faire partager dix mois inoubliables de sa vie.

    Julien est maintenant professeur de maths par le biais du programme Teach for Belgium qui agit contre les iniquités dans l'enseignement. Un projet professionnel  qui lui ressemble en quelque sorte. Si vous souhaitez commander son livre, c'est par ici.

    Deux roues, un monde - livre de Julien Hendrix (2019)

    Julien me dédicaçant son livre lors du festival du voyage à vélo 2020 à Vincennes. Merci pour cet échange sympathique.

     

    Quelques extraits : 

    Page 33 : Pour terminer sur une note un peu différente, la société actuelle a besoin de nouveauté. Il faut oublier les vieilles manières de faire et de planifier. Le monde thermo industriel touche à sa fin, notre civilisation va en être transformée, bouleversée. Pour préparer ce changement, et s'en remettre, il va falloir accepter l'inconnu. Faire le pas, inventer d'autres manières de vivre avec le monde et avec les autres. Apprendre à s'entraider, y compris avec des inconnus. Faire confiance en notre capacité personnelle, et celle des autres, d'être au monde différemment. Volonté, courage, confiance. Je me considère aventurier, pas comme Indiana Jones ou Mike Horn qui brave bien des dangers, mais comme quelqu'un qui vit des aventures, qui accepte et aime l'inconnu. Puisse cette réflexion trouver du sens chez vous et puissiez-vous chacun être un peu aventurier.

    Page 34 : Retour sur la route, il ne fait que quelques degrés mais quand je pédale j'ai chaud. Je tente de suivre un conseil lu sur un blog : gérer les vêtements et la cadence pour avoir chaud mais ne pas transpirer... car quand la transpiration refroidit et s'évapore et on a froid !

    Page 39 : Quelle place pour l'accueil des migrants en Belgique... ? Sur quel principe moral les renvoie-t-on dans leur pays où il est si difficile d'avoir une vie (normale). On peut répondre (ce que l'on dit d'ailleurs face à eux ce soir) que ce sont les politiques, pas notre choix. Mais honnêtement que ferais-je moi ? Aurai-je l'hospitalité qu'eux m'offrent ce soir ? On devrait les accueillir alors que ce soir nous sommes accueillis. Sans papiers, sans procédure, sans contrainte. Ils ont bien moins que nous mais donnent bien plus. Les possessions, la peur de perdre, nous rendent-elles égoïstes et individuels ? De nombreuses questions ce soir dans ma tête. Et surtout une belle leçon. Merci... Merci...

    Page 48 : J'ai envie d'écrire une difficulté avec les Turcs (comme avec les Albanais d'ailleurs). Dès l'instant où je suis leur invité, il m'est interdit d'aider en quoi que ce soit. A la cuisine évidemment, mais même pour débarrasser ou me servir d'eau du robinet. Je dois rester assis et me faire servir, c'est leur coutume et je pense qu'ils seraient offensés que je fasse quoi que ce soit. Aujourd'hui, la dame de 50 ans (au moins) s'assied par terre pour faire de la place pour les invités plus jeunes. Impossible de laisser ma place. Difficile pour moi qui suis habitué et aime rendre service.

    Page 50 : La musique pour faire ressortir les émotions. Sentir plus fort, être plus dans le présent. Sortir de la tête et aller vers le cœur. C'est une aide pour ma motivation, une énergie sans nourriture aussi. Je me choisis que très rarement le morceau. Je préfère le mode aléatoire, quitte à passer l'une ou l'autre chanson. J'essaye de ne pas dépasser la moitié du temps de vélo avec des écouteurs (musique et podcasts). Car cela éloigne du réel, de l'environnement. S'en passer c'est se forcer à moins penser et plus observer et sentir.

    Page 128 : Je veux déjà lui dire pardon. Pour le monde qu'on est en train de lui léguer. Ce n'est pas de ma faute, ni de personne en particulier. C'est un système qui s'emballe et que trop peu veulent arrêter. Mais l'espoir demeure. L'espoir que dans 10 ans, 20 ans, 30 ans, l'arbre ait grandi et que son feuillage soit splendide. Qu'il offre de l'ombre et un lieu calme aux promeneurs. Des marcheurs ou des résidents de la forêt dont fera peut-être partie la petite Gotemi.

    J'ai l'espoir que les hommes s'éveillent de leur bêtise et de leur égoïsme. J'ai l'espoir que son monde ne soit pas devenu un désert. J'ai l'espoir que la reforestation continuera et s'amplifiera. J'ai l'espoir que Gotemi puisse un jour planter d'autres arbres, pour ses amis, ses voisins, ses enfants. Elle est la représentante, dans ma tête, de tous les enfants du monde. Ceux que j'ai croisés, avec qui j'ai joué. Si fragiles et innocents, c'est pour eux que je plante des arbres ici et maintenant.

    Page 129 : C'est se confronter à une manière de vivre inhabituelle mais si bienfaisante. C'est vivre entre autres le véganisme, l'unschooling (les enfants apprennent par l'environnement), la non-compétition, la gift economy et la compassion. C'est être forcé de penser le futur qu'on envisage. J'y suis resté 27 jours. Assez longtemps pour m'imprégner, adhérer, développer des amitiés. Pas assez pour m'ennuyer. Chaque jour m'a surpris, amusé, enrichi.

    Page 176 : En faisant la trace au lac Tilicho, comme en raquettes dans les Pyrénées ou en ski de rando dans les Alpes, j'ai ressenti un bonheur immense. Une force m'habite. Je me sens capable d'aller loin, haut. C'est un accomplissement profond de liberté. Je ne suis contraint par aucun chemin. Je ne suis personne que ma propre boussole.

    Dans la vie, suivons nos convictions, nos objectifs propres. Osons sortir du sentier trop emprunté, osons remettre en question et décider par nous-mêmes où mener nos pas. Pour découvrir de nouveaux horizons et que l'humanité en sorte grandie.

    Page 204 : Au Tadjikistan, les cris sont des "hello" criés parfois de loin. Parfois une question en anglais qu'ils ont appris à l'école et qu'ils sont fiers d'utiliser. Quand ils sont proches, ils tendent la main mais certainement pas pour de l'argent. Ils veulent un high five du cycliste. Un contact amical et enthousiaste, qui multiplie l'énergie de chacun. Un signe de partage, d'échange, de joie simple de se rencontrer. Pour le bonheur de tous et sans demande d'aucun côté si ce n'est ce contact qui rapproche. Les enfants forment des files, comme des haies de honneur. Village après village, jour après jour, la joie de taper dans ces mains ne diminuent pas, car on peut sentir qu'on donne un peu de son cœur, de son périple. Et donner, c'est recevoir.

    Page 210 : Quand je dis qu'aujourd'hui c'est mon anniversaire, la sœur m'offre un ours en peluche (que je nomme "Kargush") avec une petite tulipe en plastique. On ne peut imaginer comme je me sens heureux, comblé par ce petit cadeau que je garderai longtemps j'espère. Ce sentiment que des inconnus veulent me faire plaisir, fêter ce jour, me faire sentir un peu à la maison. Ils réussissent au-delà de ce qu'ils pensent.

    Page 215 : Je pousse alors un énorme cri. Violent, presque bestial. La joie, l’adrénaline, la rage de vaincre, la tension du corps, tout s'échappe d'un coup par ma voix. C'est du bonheur autant que du soulagement. Les quatre gros cols ont été intenses et éprouvants à leur manière. On voulait de l'aventure et du challenge, on a été servi !

    Page 219 : Nous vivons dépendants de l'énergie fossile facilement accessible. Elle va se raréfier et nous ne sommes pas prêts à cela car notre organisation sociale est construite autour d'elle. Nous sommes actuellement contraints à être consommateurs, bons petits soldats du capitalisme. Choisir un mode de vie avec "moins" n'est pas approuvé par le système dominant. Possible peut-être, mais compliqué. J'ai voulu rouler loin de cette dépendance collective. Rompre en partie ces liens à l'énergie facile. J'ai effectivement du matériel qui vient de notre société industrielle. J'ai acheté parfois de la nourriture bien emballée et je suis rentré dans des supermarchés. Mais j'avais le choix de dire non. J'avais la possibilité de poser ma tente où bon me semblait, d'aller où je voulais, de vivre un peu. Mon leitmotiv était l'indépendance.

    Page 242 : La magie des montagnes transporte mon cœur et transcende mes pieds. Je suis heureux. Je dis adieu à ces montagnes et par elles, à toutes celles traversées durant ces 10 mois. La montagne est l'environnement que je préfère, celui où je me sens le plus intensément vivant.

     

     

     


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  • L'écureuil du Vel d'Hiv - BD de Christian Lax (2012)Christian Lax est dessinateur et scénariste de bandes dessinées passionné de cyclotourisme. Avant "L'écureuil du Vel d'Hiv" il a réalisé 3 BD consacrées au cyclisme "L'aigle sans orteils", "Pain d'alouette - première époque" et "Pain d'alouette - deuxième époque", chaque album se déroule durant la première partie du 20ème siècle. "L'écureuil du Val d'Hiv" n'y fait pas exception. Il relate l'histoire de deux frères lors de l'occupation pendant la seconde guerre mondiale.

    Paris, 1940. Sam est un coureur cycliste chevronné qui gagne de nombreuses courses, notamment au vélodrome d'hiver, le Vel d'Hiv situé dans le 15ème arrondissement de Paris (on retient désormais son nom à cause de la tragique rafle du Val d'Hiv en 1942, où des milliers de juifs et juives ont été arrêtés et détenus au vélodrome en attendant leur déportation). Eddie est son frère cadet. Il rêve de journalisme pour dénoncer et lutter contre le nazisme. 

    Malgré la guerre, Sam va continuer les courses et enflammer le public du Val d'Hiv tandis qu'Eddie va entrer dans les clandestinité pour rédiger des articles antifascistes publiés dans un journal communiste. Les deux frères suivent un parcours différent mais ils continuent à vivre et à lutter à leur manière à une époque sombre de notre histoire.

    Un bel album en couleur de 80 pages incluant une partie consacrée aux courses cyclistes du Vel d'Hiv. Le vélodrome a été ouvert en 1909 et détruit 50 ans plus tard. 

    L'écureuil du Vel d'Hiv - BD de Christian Lax (2012)


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